25/04/2017

Micro tendu à l'équipe de la Pépinière des Lucioles

Amélie Anache, Fondatrice et Présidente de l’association Pépins production, spécialisée dans l’installation de pépinières de quartier et porteuse du projet “La pépinière des lucioles”, lauréat de la rue Chanzy, et Juliette Phuong, bénévole de l'association, répondent à toutes nos questions.
Pour quelle(s) raison(s) vous êtes vous lancées dans l’agriculture urbaine ?

Amélie Anache : Pour ma part, j’ai pu observer le nouvel engouement des citadins pour les plantes et la végétalisation dans le cadre d’un groupe de jardinage. Les gens avaient envie de toucher la terre, d’approfondir leurs connaissances. Ce désir allait susciter de nouveaux besoins. Dans ce contexte, il m’a semblé essentiel de créer une filière courte, écologique et responsable afin d’approvisionner la ville en plants et en engrais verts et ainsi éviter le gaspillage d’énergie lié à leur importation…

Juliette Phuong : Moi, j’ai commencé à m’intéresser aux plantes car j’avais la chance de disposer d’un jardin partagé en bas de chez moi. J’ai d’abord emprunté des outils pour m’amuser à travailler la terre, et cela m’a plu. Par la suite, je suis entrée dans l’association pour acheter des plants. Aujourd’hui, je participe au projet de la rue Chanzy dans le cadre des Parisculteurs car j’aime l’idée de pouvoir contribuer, à mon échelle, au développement de la végétalisation urbaine et d’offrir aux jardiniers en herbe un lieu où poser toutes leurs questions, même les plus naïves !

Dans vos pépinières, vous animez des ateliers en plus de la vente de plants. Avez-vous le sentiment qu’il existe encore un gros travail de sensibilisation à accomplir ?

A.A : Effectivement, il y a encore beaucoup de monde à qui s’adresser ! Mais ce que l’on remarque, c’est que les gens s’intéressent de plus en plus à la question, et que certaines “portes d’entrées” ont plus de succès que d’autres. Par exemple, les gens sont plus réceptifs dès lors que l’on traite d’écologie, de plantes méconnues ou de “do it yourself”.

J.P : Je pense que ce qu’il manque encore, ce sont les occasions de pratiquer, d’entrer en contact avec le jardinage. C’est en multipliant les initiatives et les occasions que l’on parviendra, petit à petit, à donner aux Parisiens l’envie de fleurir la ville ! Car pour l’instant, les gens ne s’approprient pas encore l’espace public. Ils ont encore du mal à intégrer qu’il leur appartient et que c’est à eux qu’il revient de le sublimer.

A.A : Cette analyse est d’autant plus vraie qu’ici, les gens établissent une grande distinction entre la ville et le jardin, comme s’il s’agissait de deux entités radicalement différentes. En végétalisant des espaces libres et accessibles comme les toitures, dont Paris regorge, nous réduirons cette distinction. Cela aidera les riverains à mieux s’approprier les lieux publics et finalement à développer les initiatives pour une ville plus végétale.

Êtes-vous optimistes quant à l’avenir de l’agriculture urbaine ?

A.A : Oui, car Paris est en train de devenir un véritable laboratoire de végétalisation et d'agriculture urbaine. Mais aujourd’hui, il faut considérer le Grand Paris dans son ensemble et ne pas se limiter à la capitale intramuros. Or, en petite et grande couronne, l’agriculture périurbaine est en danger, face à l’extension des zones d’activités et commerciales. C’est un enjeu majeur !