Amélie Anache, Fondatrice et Présidente de l’association Pépins production, spécialisée dans l’installation de pépinières de quartier et porteuse du projet “La pépinière des lucioles”, lauréat de la rue Chanzy, et Juliette Phuong, bénévole de l'association, répondent à toutes nos questions.
Pour quelle(s) raison(s)
vous êtes vous lancées dans l’agriculture urbaine ?
Amélie Anache :
Pour ma part, j’ai pu observer le nouvel engouement des citadins pour les
plantes et la végétalisation dans le cadre d’un groupe de jardinage. Les gens
avaient envie de toucher la terre, d’approfondir leurs connaissances. Ce désir
allait susciter de nouveaux besoins. Dans ce contexte, il m’a semblé essentiel
de créer une filière courte, écologique et responsable afin d’approvisionner la
ville en plants et en engrais verts et ainsi éviter le gaspillage d’énergie lié à leur
importation…
Juliette
Phuong : Moi, j’ai commencé à m’intéresser aux plantes car j’avais
la chance de disposer d’un jardin partagé en bas de chez moi. J’ai d’abord
emprunté des outils pour m’amuser à travailler la terre, et cela m’a plu. Par
la suite, je suis entrée dans l’association pour acheter des plants.
Aujourd’hui, je participe au projet de la rue Chanzy dans le cadre des
Parisculteurs car j’aime l’idée de pouvoir contribuer, à mon échelle, au
développement de la végétalisation urbaine et d’offrir aux jardiniers
en herbe un lieu où poser toutes leurs questions, même les plus naïves !
Dans vos pépinières,
vous animez des ateliers en plus de la vente de plants. Avez-vous le sentiment
qu’il existe encore un gros travail de sensibilisation à accomplir ?
A.A : Effectivement, il y
a encore beaucoup de monde à qui s’adresser ! Mais ce que l’on remarque,
c’est que les gens s’intéressent de plus en plus à la question, et que
certaines “portes d’entrées” ont plus de succès que d’autres. Par
exemple, les gens sont plus réceptifs dès lors que l’on traite d’écologie, de
plantes méconnues ou de “do it yourself”.
J.P : Je pense que ce
qu’il manque encore, ce sont les occasions de pratiquer, d’entrer en contact
avec le jardinage. C’est en multipliant les initiatives et les occasions que
l’on parviendra, petit à petit, à donner aux Parisiens l’envie de fleurir la
ville ! Car pour l’instant, les gens ne s’approprient pas encore l’espace
public. Ils ont encore du mal à intégrer qu’il leur appartient et que c’est
à eux qu’il revient de le sublimer.
A.A : Cette analyse est
d’autant plus vraie qu’ici, les gens établissent une grande distinction entre
la ville et le jardin, comme s’il s’agissait de deux entités radicalement
différentes. En végétalisant des espaces libres et accessibles comme les
toitures, dont Paris regorge, nous réduirons cette distinction. Cela
aidera les riverains à mieux s’approprier les lieux publics et finalement à développer les initiatives pour une ville plus végétale.
Êtes-vous optimistes
quant à l’avenir de l’agriculture urbaine ?
A.A : Oui, car Paris est
en train de devenir un véritable laboratoire de végétalisation et d'agriculture urbaine. Mais
aujourd’hui, il faut considérer le Grand Paris dans son ensemble et ne pas se
limiter à la capitale intramuros. Or, en petite et grande couronne, l’agriculture périurbaine
est en danger, face à l’extension des zones d’activités et commerciales. C’est
un enjeu majeur !