Le 2 octobre 2017, le workshop des Parisculteurs -Saison 2 affichait complet à la Mairie du 10e arrondissement. Dans une salle comble, la conférence internationale a rassemblé deux-cent professionnels et futurs candidats, venus à la rencontre des cultivateurs urbains. Ils en sont repartis avec une belle moisson de conseils et d’informations.
“Avant
les rêves, on a fait pousser les muscles”, prévient Sophie Jankowski, de la Communauté
Facteur Graine. Face à une assistance conquise, elle évoque les 90 tonnes de
terre et de broyat que les “Facteurs Graine” ont porté à bout de
bras tout en haut du centre postal de la Chapelle. Aspirants végétaliseurs ou
jardiniers des villes confirmés, ils sont venus en nombre pour entendre Sophie
Jankowski, Théo Champagnat, de la start-up Cycloponics ou encore Michel
Desportes, de l’entreprise Aéromate.
En octobre 2016, ceux-ci participaient au
tout premier workshop des Parisculteurs, au Parc floral. Un an plus tard, les
voilà à leur tour chargés d’aiguiller de futurs candidats avides de conseils. Alors
on écoute et on questionne, de la réinvention de matériel avec Sophie
Jankowski, dont le groupe de six postiers a investi le sommet d’un centre de
tri, à la constitution d’équipe avec Théo Champagnat. Sa ferme, nommée la
“Caverne”, – 3 600 m2 de champignons,
d’endives et de jeunes pousses au niveau -2 d’un parking du 18e arrondissement –
n’aurait pu voir le jour s’il n’avait osé pousser la porte d’une école
d’architecture parisienne, son projet sous le bras. Son conseil : mettez vous en
équipe ! “On avance beaucoup
plus rapidement à plusieurs, alors ouvrez l’œil. Lorsqu’on est porteur de
projets, il faut s’habituer à forcer quelques portes : mon associé
explique-t-il, je l’ai rencontré lors des
visites de site : il prenait des mesures.”
Faire équipe,
et pourquoi pas avec un agriculteur francilien, comme l’a fait remarquer Christophe
Dion, de la chambre d’agriculture d’Ile-de-France. Celle-ci représente environ
360 entreprises du bassin parisien : “Nous savons très bien que les productions en ville seront loin
de pouvoir alimenter tous les Parisiens, d’où l’intérêt de pouvoir imaginer un
lien entre nos producteurs et les sites en ville”, explique-t-il. Egalement
invité à la conférence, le maraicher nantais Olivier Durand cultive depuis sept
ans 5 000 m2 de légumes en périphérie de Nantes. Si 70% de son
chiffres d’affaires provient de la pleine terre, cet agriculteur venu avec une
appétissante botte de carottes et de radis-glaçons participe désormais en tant
que consultant à de nombreux projets urbains. Ainsi est née “la Cantine
du Voyage” à Nantes, un restaurant aux 90 000 repas dont le potager
sur palettes produit jusqu’à 7 000 laitues sur cinq mois. Si celles-ci ajoutent
de la fraicheur au menu, de nombreux autres légumes viennent des champs autour
de la ville. “Un modèle économique
se dessine, mais toujours en lien avec l’agriculture, rappelle Olivier
Durand. Par ailleurs, j’ai l’impression que les projets qui se développent
un peu partout nous poussent, nous producteurs, à partager notre expérience du
métier : partout il faut expliquer ce que l’on fait, cela crée du lien de
la campagne jusqu’à la ville.”
Parmi les expériences
partagées, celles, à Bologne, des
chercheurs italiens Francesco Orsini et Giuseppina Pennisi, spécialistes de l’agriculture urbaine ou encore l’aventure
américaine d’Helen et Michael Cameron,
les deux créateurs d’Uncommon Ground,
premier restaurant à percher son potager sur les toits de Chicago, aux
Etats-Unis. Au rayon des cultures faciles à adapter en ville, on leur laissera
le mot de la fin : leur astuce, le cassis, petit fruit économe en espace
et parfait pour aromatiser une bière. L’auditoire est parti plein d’idées à
mettre en forme d’ici le 8 janvier 2018, 16h, date de la remise des offres pour
Parisculteurs-Saison 2.