Jusqu’au
27 janvier 2019, l’exposition Capital agricole, au Pavillon de l’Arsenal,
retrace l’histoire de cette scission brutale, avant de proposer de multiples
pistes pour rapprocher l’agriculture de la métropole. Car à l’heure de la crise
climatique, le cultivé et l’habité apprennent de nouveau à cohabiter ensemble.
Aux maraichers d’autrefois, fait écho une nouvelle génération de néo-ruraux, dont
font par exemple partie Théophile Champagnat et Jean-Noël Gertz, de
l’entreprise Cycloponics. Lauréats de la première saison des Parisculteurs, ils
mêlent low-tech et high-tech au cœur du 18e arrondissement ;
leur spécialité, champignons et endives… de parking. Une inventivité que l’on
pourrait comparer à celle de l’horticulture du début du siècle, qui de cloches
en serres chauffées, avait fait de l’Ile-de-France un bassin agricole de
premier plan. Pour Alexandre Labasse, directeur
du Pavillon de l’Arsenal, “ce type
de profils marque une tendance de fond,
liée au mieux manger et au mieux vivre : ces nouveaux terriens ne sont pas
forcément agriculteurs et ne craignent pas de s’emparer de modèles anciens pour
les réinterpréter.” Sujet de société avant d’être un sujet de
professionnels, c’est donc en compagnie d’architectes et d’urbanistes que ses
cultivateurs 2.0 inventent de nouvelles associations, qui à l’avenir, pourrait venir
changer le visage de la ville. Grands ensembles cultivés ou parcs agricoles, l’exposition
décline les propositions pour chaque composante de l’urbain, des échangeurs
autoroutiers aux immeubles en bois. Pour Alexandre Labasse, c’est la ferme de
proximité qui pourrait être appelée à jouer un grand rôle dans le Paris de
demain : “A Paris comme en
première et seconde couronne, nous avons besoin de points de connexion entre
urbains et agriculture, qui permettent de rendre la ville productive visible.”
A l’avenir, pourra-t-on parler
d’urbanisme sans agriculture ? “Sans doute pas, conclut Alexandre
Labasse, il sera d’ailleurs peut-être
plus juste de parler, plutôt que d’agriculture urbaine, d’urbanisme agricole.”
Le cresson de Marly et les pêches de Montreuil pourraient revenir dans
l’assiette plus vite qu’on ne le croit.